Ces dernières semaines, la Côte d’Ivoire a connu une forte augmentation des attaques homophobes, il s’agit de l’affaire « Woubi« . Les militants et les membres de la communauté LGBTQIA+ sont depuis dans la peur. Malgré la position relativement tolérante du pays envers l’homosexualité par rapport aux autres pays africains, une nouvelle vague de discours de haine et de violence s’est installée, alimentée par les réseaux sociaux.

Augmentation des attaques contre les « Woubi »

Selon les rapports des militants LGBTQIA+, la situation en Côte d’Ivoire est devenue désastreuse. Brice Donald Dibahi, le fondateur de l’ONG Gromo, a révélé que depuis août, une trentaine d’agressions homophobes physiques ont été enregistrées. Dibahi, qui travaille en étroite collaboration avec le Mouvement social LGBTQIA+ de Côte d’Ivoire, a noté que si l’homophobie n’est pas nouvelle dans le pays, cette récente vague de violence et de haine est sans précédent.

« L’homophobie a toujours existé, que ce soit dans la rue ou sur les réseaux sociaux, mais je n’ai jamais vu ce genre de soulèvement », explique Dibahi. Un sentiment partagé par Louna, une femme transgenre et directrice de l’ONG Droit à la Différence (DADI), qui a été contrainte de fermer le siège de son organisation et envisage désormais de quitter Abidjan pour des raisons de sécurité.

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Le rôle des réseaux sociaux dans l’affaire woubi

La montée du sentiment anti-LGBTQIA+ semble avoir été déclenchée par des rumeurs qui ont circulé sur les réseaux sociaux début août. Ces rumeurs prétendaient qu’un cas de pédophilie impliquait un individu homosexuel, ce qui a suscité une indignation générale. Plusieurs publications sur les réseaux sociaux ont appelé à l’action, certaines préconisant même des manifestations pacifiques contre les « woubis », un terme initialement adopté par la communauté LGBTQIA+ en Côte d’Ivoire, mais qui a depuis pris un sens péjoratif.

Les réseaux sociaux sont devenus un terrain fertile pour les discours de haine, de nombreuses personnes les utilisant pour inciter à la violence et à la discrimination contre les personnes LGBTQIA+. Pour de nombreux militants, la crainte est que cette haine en ligne continue de se répandre dans les rues, où des agressions physiques ont déjà eu lieu.

Protections juridiques et manque d’application

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Bien que l’homosexualité ne soit pas criminalisée en Côte d’Ivoire, contrairement à de nombreux autres pays africains, les militants affirment que le manque de protection juridique de l’orientation sexuelle rend les personnes LGBTQIA+ vulnérables. En 2021, l’Assemblée nationale ivoirienne a supprimé une clause protégeant l’orientation sexuelle contre la discrimination dans le Code pénal, une mesure qui, selon beaucoup, a contribué à la récente montée du sentiment anti-LGBTQIA+.

Si certains militants ont déposé des plaintes auprès de la police, dans l’espoir d’obtenir justice pour les violences auxquelles ils ont été confrontés, le système a tardé à réagir. Cinq plaintes pour agression et insultes ont été déposées ce mois-ci seulement, mais peu de progrès ont été réalisés pour traduire les auteurs en justice. Les attaques sont concentrées dans les quartiers populaires comme Yopougon et même dans les centres politiques comme Yamoussoukro, où certains habitants ont déclaré avoir reçu des menaces.