En Côte d’Ivoire, le sujet de l’homosexualité, appelé localement le phénomène des « woubis », a suscité des débats acharnés, des tensions croissantes et une réaction publique ces dernières années. Alors que la visibilité des LGBTQ+ augmente dans le pays, un conflit entre tradition et modernité est apparu, de nombreux citoyens appelant à une répression de ce sujet autrefois tabou.
L’homosexualité en Côte d’Ivoire : du secret à l’affichage public
L’homosexualité, connue sous le nom de phénomène des « woubi » à Abidjan, a toujours été un sujet sensible en Côte d’Ivoire. Pendant des années, les membres de la communauté LGBTQ+ ont été contraints de cacher leur orientation sexuelle en raison de tabous sociétaux, de la peur de la discrimination et de croyances culturelles profondément ancrées qui dictent une vision traditionnelle de la famille, où un couple est censé être composé uniquement d’un homme et d’une femme. Cependant, ces dernières années, les membres de la communauté LGBTQ+ du pays ont commencé à s’exprimer plus ouvertement, remettant en cause les normes traditionnelles qui les maintenaient autrefois dans l’ombre.
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Le caractère public de ce changement n’est pas passé inaperçu. Pour de nombreux Ivoiriens, l’idée d’une homosexualité ouverte entre en conflit avec ce qu’ils considèrent comme des valeurs africaines fondamentales. Les coutumes ancrées dans la préservation des relations hétérosexuelles ont entraîné un sentiment croissant de malaise, voire d’indignation, chez certaines parties de la population.
Réaction publique et tensions croissantes dans l’affaire Woubi
En réponse à la visibilité croissante de l’homosexualité, de nombreux Ivoiriens ont lancé une campagne vocale et active contre le phénomène. Ce soulèvement contre les woubis, comme on l’appelle dans le langage local, est devenu un point d’éclair dans la lutte en cours dans le pays entre tradition et droits de l’homme. Le mouvement a déclenché des débats sur la question de savoir si les valeurs culturelles doivent primer sur les libertés individuelles, en particulier dans un pays où ces sujets ont toujours été balayés sous le tapis.
La situation s’est aggravée lorsqu’une révolte plus généralisée a été déclenchée, certains segments de la population appelant à un rejet public des identités LGBTQ+. De nombreux citoyens se sont tournés vers les réseaux sociaux et d’autres plateformes pour exprimer leur mécontentement et, dans certains cas, exiger des mesures plus drastiques contre les individus s’identifiant ouvertement comme faisant partie de la communauté LGBTQ+.
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Le Conseil des droits de l’homme appelle à la prudence et au dialogue
Au milieu de ces tensions croissantes, le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) de Côte d’Ivoire est intervenu pour faire face au conflit croissant. Dans une déclaration officielle publiée le jeudi 5 septembre 2024, le CNDH a appelé à la prudence et à la retenue des deux côtés sur cette question.
Le conseil a adressé un message à la communauté LGBTQ+, l’exhortant à être attentive aux sensibilités culturelles du pays. « Les sensibilités culturelles et les opinions divergent » sur les questions liées au phénomène des woubis, a expliqué la CNDH, exhortant les membres de la communauté LGBTQ+ à éviter les « comportements provocateurs ou ostentatoires » qui pourraient aggraver une situation déjà fragile.
Tout en reconnaissant la complexité du problème, la CNDH a clairement indiqué que la violence n’est pas la solution. Elle a souligné la nécessité d’une coexistence pacifique, rappelant aux citoyens que les membres de la communauté LGBTQ+, malgré leur orientation sexuelle, sont toujours des êtres humains ayant droit aux mêmes droits fondamentaux que tout le monde.